L'élargissement de l'Union européenne doit aussi se préparer en interne.
Un nouvel élargissement de l'Union européenne se précise sous la pression de la Russie. Actuellement, neuf candidatures sont déposées. Celle de la Turquie est pratiquement abandonnée depuis 2018. Après l'occupation de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, la Géorgie a préféré se placer dans le sillage de la Russie et gelé sa candidature en 2024. Avec la Bosnie-Herzégovine, les négociations sont rendues très complexes par la situation de blocage du pays autour de ses divisions communautaires.
Les six autres États candidats pourraient, en revanche, voir leur candidature aboutir plus rapidement. Les choses semblent bien engagées pour le Monténégro et l'Albanie qui progressent rapidement dans la mise en œuvre de l'acquis de l'Union européenne. La Serbie maintient officiellement sa candidature mais sa position est ambiguë vis-à-vis de la Russie dont elle reste très dépendante. Les trois autres candidats se heurtent à des obstacles qui ne dépendent pas que d'eux seuls : la Macédoine du Nord, dont l'adhésion a longtemps été bloquée par la Grèce en raison de l'utilisation du terme de Macédoine rencontre désormais l'opposition de la Bulgarie qui souhaite voir reconnue la minorité bulgare de Macédoine, tandis que la Hongrie, cheval de Troie de la Russie, freine autant que faire se peut la progression de la candidature de l'Ukraine et de la Moldavie. Par ailleurs, l'affaiblissement du camp occidental provoqué par le désengagement des États-Unis pourrait remettre à l'ordre du jour une candidature de l'Islande et de la Norvège.
Une Union européenne à trente-cinq membres est donc désormais envisageable et un tel élargissement - dont il ne faut pas mésestimer les difficultés s'agissant de pays affichant un PIB par habitant de moitié inférieur à celui de l'UE - constitue, selon les termes du président du Conseil européen Antonio Costa, « le meilleur investissement géopolitique que puisse faire l'Union ». Il permettrait, en effet, de renforcer l'influence politique, économique et militaire de celle-ci sur la scène mondiale, tout en assurant la promotion des valeurs démocratiques.
Il reste qu'un tel élargissement n'est pas imaginable sans une réforme du cadre institutionnel au sein de l'Union, notamment pour réduire drastiquement le recours au vote à l'unanimité qui permet parfois à un seul État de bloquer le processus décisionnel commun. De même, on peut difficilement envisager que le Parlement européen, déjà pléthorique, réunisse plus de mille députés. L'Union ne peut donc se contenter de contrôler les réformes opérées par les États candidats mais doit également travailler sur elle-même. Or, comme le rappelle le « Rapport sur les conséquences institutionnelles des négociations d’élargissement de l’Union » adopté le 2 octobre dernier par le Parlement européen, rien n'a été entrepris dans ce domaine depuis la déclaration de Grenade des chefs d'État et de gouvernement de l'Union du 6 octobre 2023, alors même qu'aux termes de l'art. 48 du traité sur l'Union européenne, il suffirait qu'une majorité d'entre eux au sein du Conseil européen, soit quatorze, décident de convoquer une convention chargée d'élaborer un projet. Certes, il faudrait encore que la convention puisse parvenir à un accord sur un texte que les États membres devraient alors ratifier, mais au moins cela mettrait-il en marche le mécanisme.
Nos prochaines conférences nous permettront de faire le point sur cette question d'une actualité toujours plus pressante.
David Capitant, président d'ARRI
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