Guerre en Ukraine : les institutions européennes mises à rude épreuve...
La guerre d’agression russe en Ukraine met les institutions européennes à rude épreuve. Le sommet de Versailles, les 10 et 11 mars 2022, deux semaines après l’agression russe du 24 février, avait été l’occasion d’inscrire la recherche d’une autonomie stratégique renforcée en haut de l’agenda européen, notamment à travers une consolidation de la défense européenne.
Le sommet qui a eu lieu les 21 et 22 mars dernier a permis de prendre la mesure des avancées réalisées dans cette direction, mais aussi des blocages qui semblent se multiplier et conduisent à des retards de livraison d’armes et de munitions à l’Ukraine alors que, selon le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, le conflit devrait se dénouer au printemps prochain ou pendant l’été.
Si la France, par la voix de son président, a insisté sur le caractère existentiel de l’issue du ce conflit et évoqué, le 26 février, une possible intervention de troupes européennes sur le terrain, l’Allemagne reste plus qu’hésitante face à un engagement supplémentaire et, pour une partie des États membres, la question de Gaza éclipse celle de l’Ukraine. La proximité des élections européennes, qui se tiendront au mois de juin, ne fait qu’accentuer l’indécision.
Lors du dernier sommet, la proposition de l’Estonie de mettre en place un emprunt européen pour financer la guerre en Ukraine a été rejetée par une majorité d’États membres, dont l’Allemagne du chancelier Scholz, alors même que les Verts et les Libéraux membres de sa coalition souhaitent aller plus avant.
Il existe pourtant un véritable problème de financement alors que les industriels de la défense indiquent que les gouvernements ne signent pas de contrats de fourniture d’armement et de munitions au-delà de deux ans, alors qu’il en faudrait quatre ou cinq pour amortir les investissements nécessaires à une augmentation des capacités de production.
Á ces questions de financement, s’ajoutent d’autres obstacles politiques comme la volonté française d’acheter des armements européens pour dépenser les fonds du dispositif européen pour la paix (European Peace Facility).
Le sommet a montré également des divisions sur les mesures à adopter pour contrer le contournement des sanctions par la Russie pour soutenir son effort de guerre, avec l’aide de pays tels que la Chine, la Turquie, - pourtant membre de l’OTAN -, ou les Émirats arabes unis, ainsi d’ailleurs que d’entreprises européennes.
Pourtant, une réaction conjointe serait d’autant plus nécessaire que la position américaine est déjà hésitante, le Congrès bloquant les aides à l’Ukraine, et risque de l’être plus encore si le président Trump venait à être réélu.
Sur tous ces points, notre prochain voyage en Suède, du 4 au 7 juin 2024, nous permettra de jeter un regard original, à partir de la Baltique, qui occupe une place de premier plan dans le conflit en cours.
David Capitant, président d'ARRI
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