Le Luxembourg dans son environnement régional, européen et international.
Une brève leçon de géographie montre le Luxembourg entouré de voisins nettement plus grands. De cet état de fait se dégage une leçon évidente : le pays ne peut pas jouer l’isolement, mais doit s’intégrer. Dès le 19ème siècle, il faisait partie du Zollverein allemand. La première guerre mondiale changea cette configuration. Occupé par le Reich allemand de 1914 à 1918, le pays s’oriente ensuite davantage vers l’ouest français et belge, non seulement dans le sens sociologique, mais se retrouve aussi avec une très longue frontière avec la France du côté de Thionville et Metz. (Robert Schuman, né Allemand à Luxembourg, devient Français…). Il en résulte l’adhésion à la Société des Nations, à l’Organisation internationale du Travail, ainsi que la constitution de l’Union économique belgo-luxembourgeoise, avec déjà une monnaie commune. Le pays reste formellement neutre, ce qui n’empêchera pas le troisième Reich nazi de l’occuper et de quasiment l’annexer.
La paix revenue, le Luxembourg adhère aux organisations mondiales, ONU, UNESCO, GATT, FMI et, abandonnant toute prétention à la neutralité, l’OTAN, introduisant même le service militaire obligatoire pendant quelque temps. Sur le plan économique le Luxembourg adhère à l’OCDE et peut se targuer de figurer parmi les six membres fondateurs de l’Union européenne, à commencer par la CECA et l’Euratom en 1951. La politique européenne conduisant progressivement à l’Union européenne, comptant 27 membres et des compétences très vastes, a toujours été un des principaux objectifs de l’activité des dirigeants du pays. La ville de Luxembourg, siège provisoire de la CECA en 1951, est aujourd’hui une des trois « capitales de l’Europe » avec Bruxelles et Strasbourg. Y sont établis la Cour de Justice de l’UE, la Cour des Comptes, la Banque européenne d’investissement, le Mécanisme européen de stabilité (MES), une partie du secrétariat du Parlement européen et des services de la Commission. Plus récemment ont été mis en place la Cour d’appel du brevet européen ainsi que le Parquet européen. On peut nous reprocher une orientation trop « occidentale », ce qui est à la mode aujourd’hui, mais le pays est aussi actif comme membre plénier de la francophonie et fut membre du conseil de sécurité en 2013 et 2014. L’Assemblée générale des Nations Unies eut déjà une fois un président luxembourgeois.
Le Luxembourg connut un rapide développement économique à la fin du 19ème siècle lorsque de nouvelles technologies permirent l’exploitation du minerai de fer local : la terre rouge. La sidérurgie reste importante, actuellement sous l’égide d’ArcelorMittal, dont le siège est à Luxembourg. Le secteur financier s’est fortement développé avec l’établissement de nombreuses banques et des agences qui les accompagnent en général.
Par l’intermédiaire de la Société européenne des Satellites (SES qu’ARRI a visitée lors d’un voyage organisé en 2014), le pays commence à s’intéresser au spatial et est en général réceptif à toutes les innovations scientifiques et technologiques.
Le Luxembourg a peut-être une certaine « réputation » dans le domaine du blanchiment d’argent et de l’évasion fiscale internationale. Il y a certainement eu des abus, même sérieux, mais les autorités tiennent aujourd’hui à appliquer strictement les mesures prises ces dernières années par les instances internationales. D’ailleurs, les tribunaux coopèrent activement.
Qu’en est-il du travail transfrontalier ? Il y a effectivement de nombreux Français, mais aussi des Belges et des Allemands, qui occupent des emplois en tout genre en faisant des allers-retours quotidiens. Les questions du paiement de l’impôt sur le revenu et des contributions sociales et des droits qui en découlent sont réglées par des décisions de principe de l’UE et de l’OCDE complétées par des accords bilatéraux. Une complication récente provient de la généralisation du télétravail dans de nombreuses branches.
L’accueil des réfugiés ? Le pays a une certaine accoutumance en ce domaine, car dès le début de l’industrialisation, vers 1900, sont venus de nombreux Italiens d’abord, des Portugais ensuite, dont beaucoup sont restés. Un certain nombre de Luxembourgeois noirs sont des Capverdiens, qui sont venus en tant que Portugais. La question des langues ne facilite évidemment pas l’intégration. De nombreux frontaliers veulent juste gagner leur vie sans s’intégrer autrement, et les fonctionnaires européens bénéficient de deux écoles européennes. Il y a aussi un lycée français. Il existe un parti de droite « populiste », mais qui reste très minoritaire et assez modéré.
Quel est le rôle du Grand-Duc ? Il est surtout représentatif et honorifique, respecté par la grande majorité de la population.
La Constitution de 1868 est restée en vigueur jusqu’en 2023, avec de nombreux amendements, tels que l’abrogation du vote censitaire, l’introduction du vote des femmes en 1919, la définition du système politique comme démocratie parlementaire. Il y a quelques années le Grand-Duc voulait utiliser son droit constitutionnel de ne pas signer une loi sur l’euthanasie, invoquant un cas de conscience. La loi était passée d’extrême justesse, mais les députés, sous l’égide de Jean Claude Juncker, ont immédiatement, à l’unanimité moins une abstention, enlevé, au Grand-Duc, à sa demande, ce droit d’avaliser ou non une loi. Pour tous ceux qui étaient opposés à la loi sur l’euthanasie les principes de la démocratie parlementaire primaient sur un cas particulier.
L’article 4 de cette nouvelle Constitution dit que « la langue du Grand-Duché de Luxembourg est le luxembourgeois ». Le texte a été diffusé à tous les ménages, en français, luxembourgeois et allemand, en précisant que « seul le texte français, tel que publié dans le journal officiel, fait foi ». Une des particularités linguistiques du pays est que les Luxembourgeois parlent luxembourgeois entre eux, que les députés discutent en luxembourgeois d’un texte rédigé en français, souvent au grand dam des ambassadeurs accrédités qui désireraient suivre les débats et, qu’en fin de compte, la loi adoptée fait foi exclusivement en français. Le pays n’a d’ailleurs jamais demandé que le luxembourgeois soit reconnu comme langue officielle dans l’UE.
Conférence de S. E. Monsieur Marc Ungeheuer, ambassadeur du Grand-Duché du Luxembourg en France résumée par Paul Mertz, ancien ambassadeur du Luxembourg en France
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