La guerre en Ukraine est-elle à un tournant ?
La contre-offensive ukrainienne devrait marquer les prochaines semaines et son résultat aura des conséquences non seulement sur le terrain, mais certainement aussi sur les conditions dans lesquelles l’Europe prolongera son soutien à l’Ukraine. Jusqu’à présent, l’Union européenne a su présenter un front uni. Qu’en sera-t-il si le conflit devait se figer sur des positions stabilisées ? La question se pose depuis le début du conflit et l’unité européenne a constamment été un défi heureusement relevé. Cependant, des signes de dissension semblent se faire jour çà et là, que la perspective d’une guerre d’usure conduirait sans doute à amplifier.
C’est d’abord la décision de la Pologne qui, le 15 avril dernier, a interdit de manière unilatérale sur son territoire les importations de blé et d’autres produits alimentaires en provenance d’Ukraine, afin de protéger son agriculture, alors que se profilent des élections nationales pour lesquelles le parti Droit et justice (PiS) au pouvoir a besoin de tous ses soutiens politiques. La Hongrie, la Bulgarie et la Slovaquie ont immédiatement emboité le pas à la Pologne, remettant ainsi directement en cause la compétence exclusive de l’Union en matière commerciale et prenant le contrepied des mesures adoptées pour soutenir l’Ukraine en lui ouvrant le marché européen. En l’occurrence, la Commission européenne a décidé de répondre à ces mesures unilatérales non pas par une action en manquement devant la Cour de justice de Luxembourg, mais en accordant de nouveaux fonds d’un montant de 100 millions d’euros pour aider les agriculteurs des cinq États se trouvant en première ligne (il faut ajouter la Roumanie), et de négocier la possibilité pour les céréales et produits alimentaires ukrainiens de traverser ces pays sans y être commercialisés.
La négociation d’un onzième paquet de sanctions contre la Russie fait aussi apparaître les limites de l’exercice. D’une part, l’inclusion du nucléaire dans le domaine des sanctions fait débat entre les pays, comme l’Allemagne, qui ont mis une croix sur cette filière et ceux qui ont, au contraire, décidé de la renforcer et, comme la France, importent de l’uranium de Russie ou, comme la Hongrie ou la République tchèque, ont besoin de la technologie russe pour développer leur parc de centrales.
Dernièrement, c’est la question de l’achat de munitions qui a cristallisé de nouvelles tensions internes. L’accord trouvé le 20 mars dernier entre les 27 pour fournir des munitions à l’Ukraine a été mis en œuvre pour ce qui concerne la livraison de munitions existantes dans les arsenaux des États membres pour un milliard d’euros ; mais il s’agit également de procéder à des acquisitions communes pour un même montant par le biais de l’Agence européenne de défense, auprès de l’industrie européenne de défense. Or la France défend une définition plus étroite que la plupart de ses partenaires de cette « industrie européenne de défense », souhaitant que l’ensemble de la filière de production soit européen et non pas seulement l’assemblage final. Les délais de livraison s’en trouvent évidemment plus ou moins allongés.
Mais c’est le rôle de l’Union européenne que d’aplanir de telles différences de point de vue, la question étant d’y parvenir dans un délai compatible avec le rythme du conflit.
ARRI organise prochainement un voyage en Roumanie, qui permettra de prendre le pouls de ce pays de 20 millions d’habitants, représentatif, sous certains aspects, de cet Est européen qui attire aujourd’hui tous les regards. N’hésitez pas à vous inscrire !
David Capitant, président
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