De la nécessité de mieux appréhender les relations internationales...
Un numéro récent du quotidien italien Corriere della Sera donne deux informations en première page : les commentaires de Silvio Berlusconi, négatifs sur Volodymyr Zelensky et positifs sur Vladimir Poutine ; une appréciation d’un politologue sur la prévoyance de Giorgia Meloni. On peut généraliser en disant que Giorgia Meloni sait lire une carte, c’est-à-dire évaluer une situation sous tous ses aspects, alors que Silvio Berlusconi fait preuve d’une ignorance de l’histoire, même récente. Cette connaissance très partielle des réalités n’est pas rare parmi « ceux qui nous gouvernent ». Quelques exemples : on évoque les Arméniens opprimés par le voisin Azéri, mais sait-on qu’il y a trente ans, la situation était inverse et que l’Arménie s’était approprié des zones azéries, comme « ceinture de sécurité » en procédant à un nettoyage ethnique, toutefois sans massacre.
Autre cas : on a raison de s’inquiéter des ambitions nucléaires de l’Iran, mais peut-on ignorer la responsabilité incombant à Donald Trump, qui prit une décision stupide sous pression israélienne ? Israël est elle-même une puissance nucléaire, devenue telle avec l’aide de la France et, qui plus est, Israël n’adhère pas au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), mais il ne faut surtout pas en parler… L’antisémitisme est toujours condamnable, mais il est scandaleux d’y assimiler toute critique de la politique mise en œuvre par l’actuel gouvernement Netanyahou, qui commence à friser dangereusement racisme et colonialisme. Même les meilleurs historiens rappellent volontiers la première partie de la déclaration Balfour, mais taisent soigneusement la seconde : « Rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives en Palestine ».
Pour revenir à Giorgia Meloni, il est normal de se souvenir des origines postfascistes de son parti, et d’observer d’un œil attentif sa politique intérieure, mais il est prématuré d’en tirer des conclusions. Sa politique étrangère reste solidement pro-européenne et atlantiste. Il n’y a pas de faille dans le soutien à l’Ukraine, réaffirmé par Giorgia Meloni elle-même en visite à Kiev. Le regard vers le sud qu’elle porte sur sa carte géographique, suivant ainsi une impulsion donnée par son prédécesseur, Mario Draghi, mérite attention. La Méditerranée n'est pas une frontière – déjà pour les Romains il y a deux millénaires, elle était « mare nostrum ». Elle est un lien essentiel vers le continent immense qu’est l’Afrique, et l’Europe devrait davantage prendre conscience aussi bien de son sous-développement que de sa richesse démographique et matérielle, sans oublier son importance géostratégique qu’ont bien en vue la Chine et la Russie. La France est idéalement placée pour y assumer un rôle essentiel, étant atlantique et méditerranéenne. Ne faudrait-il pas commencer par voir le Maghreb comme un ensemble et s’atteler à l’exercice difficile de surpasser les susceptibilités bien enracinées, mais fondamentalement futiles ? Quant au continent plus au sud, il conviendrait d’augmenter l’aide au développement, veiller à la gouvernance (tâche herculéenne) et faire en sorte que les richesses servent en premier lieu aux populations sur place – ce qui serait un frein à la migration – et non comme matière brute pour nos multinationales !
Paul Mertz, ancien ambassadeur
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