Donald Trump bouleverse le monde :
Quelles perspectives géopolitiques 2025 - 2030 ?
... par Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique...
Il y a un peu plus de cent jours, Donald Trump revenait à la Maison Blanche pour entamer son second mandat de 47ème président des États-Unis. Cent jours de centaines de décrets exécutifs, de déclarations provocatrices notamment sur sa légitimité à devenir pape et de décisions imprévisibles. Au cœur des interrogations sur son retour se trouve une question centrale : quel futur attend les États-Unis sous sa présidence ?
Tableau d’un metteur en scène imprévisible
L’attitude notoirement imprévisible du président américain trouve plusieurs sources.
Trump s’inspire en effet beaucoup de l'Âge d’or américain, période de prospérité économique fulgurante portée par des dirigeants forts comme Théodore Roosevelt. Il adopte également certains codes du monde mafieux new-yorkais, où loyauté prime sur compétence, et son fameux goût pour la mise en scène, hérité du catch et de la télévision, illustre sa conception de la politique comme spectacle permanent. Le film paru sur l’ascension de Trump, The Apprentice (2024), révèle trois autres conseils que le président a suivis à la lettre durant toute sa carrière : toujours attaquer, ne jamais reconnaître avoir tort et toujours proclamer victoire même quand une défaite est subie. Trump incarne ainsi parfaitement le mantra de Steve Bannon, « flood the zone », action qui consiste à inonder la sphère médiatique et toujours faire de l’actualité.
En ce qui concerne son entourage politique, l’ensemble est hétéroclite. Donald Trump est conseillé à la fois par des ultraconservateurs comme J.D. Vance, des techno-entrepreneurs comme Elon Musk, ou encore des nationaux-populistes comme Pete Hegseth, son secrétaire à la Défense.
Ces influences multiples nourrissent volontiers une vision du pouvoir centré sur un exécutif fort, vers une restauration de la grandeur américaine. De ce fait, le président affiche une volonté claire de renforcer l’exécutif en affaiblissant les contre-pouvoirs législatifs et judiciaires, selon la théorie de l’« exécutif unitaire ». Cette volonté « impériale » se reflète dans les visées expansionnistes de Trump notamment envers le Groenland, la dilution de la frontière ami-ennemi résultant de son rapprochement avec Poutine et de la mise en place d’une véritable oligarchie américaine, qui rappelle le modèle russe.
Les actions de Trump, inspirées par divers univers et divers conseillers, résultent ainsi dans une saturation de l’espace médiatique et un floutage des repères institutionnels qui renforcent son imprévisibilité et rendent le futur d’autant plus incertain.
Futur proche envisageable : l’horizon midterm
Cependant, certains éléments apparaissent être des points fixes dans la trajectoire du mandat de Donald Trump.
D’abord, une échéance politique déterminante de la suite de sa présidence est celle des élections de mi-mandat, en novembre 2026, décisives en tant qu’elles refléteront l’état de la popularité des politiques de Trump auprès du Congrès. Celle-ci, par ailleurs, apparaît comme étant déjà entamée par les répercussions tangibles des politiques adoptées.
De plus, malgré l’apparente incohérence et l’absurdité de certaines orientations présidentielles, deux certitudes se dégagent : un retour à la situation précédente, une poursuite de la mondialisation est inenvisageable à court et moyen termes et la relation avec Xi Jinping ne se détendra pas de sitôt.
Se pose dans ce contexte la question du futur de l’économie américaine face aux choix de l'administration Trump. La probabilité d’un découplage complet entre la Chine et les États-Unis demeure faible, de même que celle d’un découplage entre États-Unis et Europe. Toutefois, de tous côtés est observable une volonté de réduire l'interdépendance entre les États, surtout au niveau de la défense et de l’énergie.
En outre, cette volonté soulève deux choix de transition possibles pour l’Europe, mais mutuellement exclusifs : le choix de la transition géopolitique vers plus d’autonomie dans tous les domaines, et le choix de la transition écologique vers des énergies renouvelables. Or, cette dernière implique une forme de dépendance accrue à l’égard de la Chine, principale manufacture de technologies vertes. Dès lors, il y a une tension entre autonomie géopolitique et transition écologique.
Ainsi, à l’horizon des midterms, les États-Unis seront « soit au stade de néo-empire expansionniste impérial rappelant la Russie ou la Chine, soit retourneront vers la raison ».
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