Voyage ARRI en Roumanie du 5 au 15 juin 2023 Impressions de voyage ...
La Roumanie a ouvert ses portes à notre groupe d’ARRI pour un voyage qui s’est déroulé du 5 au 15 juin 2023.
Grâce aux conférences organisées avant notre départ à Paris, notamment avec Sena Latif, chargée d’affaires à l’ambassade de Roumanie, nous étions sensibilisés aux problématiques actuelles que rencontre le pays. La Roumanie doit rattraper un certain retard économique, accumulé pendant la période communiste, et le pays reste très désireux de participer pleinement à l’Union européenne, notamment en intégrant la zone euro et l’espace Schengen.
La première partie de notre voyage nous a permis d’organiser plusieurs rencontres à Bucarest : avec la directrice exécutive de la chambre de commerce et d’industrie franco-roumaine, Adriana Record ; le directeur de la communication de la représentation de la Commission européenne en Roumanie, Bogdan Barlab ; le directeur général pour la Communication et la Diplomatie au ministère des Affaires étrangères, Andrei Tarnea ; l’ambassadrice de France, Laurence Auer ; le conseiller de Coopération culturel et universitaire, Julien Chiappone Lucchesi ; l’attaché de défense, le colonel Daniel Parpaillon ; l’attaché de sécurité intérieure, Laurent Collorig et le magistrat de liaison, Pierre de Monte.
Nous avons ensuite continué notre périple en traversant les Carpates du sud au nord pour arriver en Bucovine, au nord de la Moldavie roumaine, puis de l’est vers l’ouest pour rejoindre la Transylvanie. De Sibiu, capitale du judet du même nom, nous avons regagné Bucarest, en Valachie. Cette traversée de Roumanie nous a permis de rencontrer des interlocuteurs locaux : le président de la chambre de commerce de Brasov, Silviu Costea, et notre consul honoraire dans cette ville, Ion Ciolacu, ainsi que le maire de la commune de Gura Humorului, Marius Ioan Ursaciuc, la maire adjointe de Sibiu, Corina Bokor, et enfin le professeur Dr Zeno Karl Pinter de l’université de Sibiu.
Nous avons été frappés par la beauté des paysages traversés à l’occasion de ce périple et par l’intérêt patrimonial, en particulier celui des monastères peints de Bucovine que nous avons pu visiter. Ces ressources s’accordent mal avec le caractère relativement peu développé du tourisme en Roumanie, malgré l’intérêt que lui portent ceux qui la traversent, tels le roi Charles III d’Angleterre qui a réalisé plusieurs investissements dans des villages typiques de Roumanie, notamment à Viscri. Ces visites ont été l’occasion de mesurer la vigueur du retour à la pratique religieuse après les années de dictature communiste. Les monastères ont connu un afflux important au moment de la transformation de l’économie. Par ailleurs, outre les églises réouvertes, nombreux sont les nouveaux édifices dédiés au culte dans l’ensemble du pays.
La beauté des paysages tient aussi pour une part à une agriculture qui recourt encore largement à des techniques ancestrales, de sorte qu’il n’est pas rare de croiser charrettes à cheval et meules de foin. La part secondaire du tourisme dans l’économie roumaine nous a été confirmée par la représentante de la chambre de commerce franco-roumaine de Bucarest.
S’agissant toujours des territoires, l’importance des appartenances communautaires est frappante. Avant d’être citoyens de la Roumanie, les habitants sont d’abord Roumains, Hongrois, Roms, Allemands, Autrichiens, Juifs, etc. Ce ne sont pas moins de dix-huit communautés qui sont ainsi représentées de droit au sein du parlement roumain, même si beaucoup d’entre elles sont moins importantes aujourd’hui, telle la communauté allemande qui a largement émigré en République fédérale d’Allemagne.
Au plan géographique également, la Roumanie apparaît relativement fragmentée. D’abord par la chaîne des Carpates qui la divise en trois parties ; mais également au plan historique dans la mesure où les trois régions principales qui la composent ont été longtemps soumises à des dominations différentes. Ce sont d’abord la Valachie, sous domination ottomane, et la Moldavie, sous domination russe, qui se sont réunies à l’issue de la guerre de Crimée, avec l’aide de la France du Second empire, avant d’être rejointes, après la Première guerre mondiale, par la Transylvanie, jusqu’alors sous domination austro-hongroise. Ces fortes disparités se retrouvent dans l’organisation du réseau routier dont le maillage reste encore à développer dans le nord-est du pays.
La Roumanie dispose de beaucoup d’atouts au plan économique, notamment sa stabilité énergétique qui la rend peu dépendante des importations dans ce domaine, ce qui présente un intérêt de premier plan à l’heure de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Le pays présente l’aspect d’une certaine aisance, comme en témoignent aussi bien la bonne qualité du parc automobile en circulation, que l’état des habitations le long des routes et dans les villes traversées. Le taux d’absorption des fonds européens alloués à la Roumanie semblent cependant pouvoir être amélioré au dire de nos interlocuteurs et de fait, le développement agricole comme industriel semble prendre un certain retard, même si des initiatives locales, comme le parc d’attraction de la ville de Gura Humorului, en Bucovine, destiné à faire de cette ancienne ville minière un pôle touristique régional, témoignent de la possibilité d’utiliser ces fonds européens pour accélérer la modernisation du pays.
Si l’économie roumaine connaît une croissance de 3 %, elle présente une certaine fragilité au plan démographique. Alors qu’elle a atteint les 23 millions d’habitants à l’époque communiste, la Roumanie a connu une forte émigration, d’origine principalement économique, à partir de l’ouverture du pays. Une forte minorité roumaine se trouve ainsi présente notamment en Italie et en Espagne. Officiellement, la population est actuellement de 20 millions d’habitants, mais plusieurs sources évoquent plutôt 19 millions d’habitants. Une telle hémorragie ne va pas sans poser de difficultés, notamment du fait que les émigrés comptent souvent parmi la population la plus entreprenante ou la plus formée. Ainsi par exemple, le nombre de médecins qui exercent à l’étranger est-il très important. La difficulté de disposer de cadres de qualité peut parfois constituer un handicap pour assurer le développement du pays, que ce soit dans les entreprises ou dans le cadre administratif.
Les rapports avec la France sont anciens et restent étroits. Le souvenir de l’aide française à l’unification du pays, la présence française pendant la Première guerre mondiale (le général Berthelot reste une figure connue), la proximité linguistique et culturelle compte encore, même si la langue française a perdu beaucoup de terrain face à l’anglais. La Roumanie fait partie de l’organisation internationale de la francophonie et de nombreux projets menés par la représentation de la France en Roumanie continuent d’entretenir ce rapport binational. Cette proximité se manifeste aussi actuellement par l’envoi en Roumanie de troupes françaises dans le cadre de l’OTAN.
La guerre en Ukraine apparaît très proche en Roumanie, notamment sur la côte de la mer Noire, que nous n’avons pas visitée. Odessa n’est pas à plus de 200 kilomètres de la frontière roumaine. L’opposition très claire de la Roumanie à l’encontre de la Russie, après des décennies de pseudo-colonisation et malgré la position de non-alignement expérimentée par le gouvernement du président Ceausescu, ont conduit la Roumanie à ouvrir grand ses portes aux réfugiés ukrainiens. S’est également posée la question de l’exportation du blé ukrainien. Le port de Constanţa, sur la mer Noire, y a acquis une place centrale, limitée cependant par les capacités logistiques du pays.
Au plan politique, le gouvernement repose sur une grande coalition entre le parti libéral et le parti social-démocrate. Lors de notre voyage, un changement de premier ministre s’est opéré, prévu au moment de la constitution de la coalition. Le premier ministre du parti libéral national, Nicolae Ciucă, a laissé sa place au président du parti social-démocrate, Marcel Ciolacu. Au-delà des questions de lutte contre la corruption, qui évoluent trop lentement, les questions européennes occupent aussi une place importante pour l’avenir du pays qui doit continuer son intégration malgré un certain désenchantement de la population, notamment alimenté par l’émigration subie par le pays. La question de l’intégration de la Roumanie dans l’espace Schengen occupe une place de premier plan à cet égard. En effet, si la Commission européenne a proposé cette intégration, celle-ci a été bloquée par le veto de l’Autriche. Or l’intégration à l’espace Schengen, au-delà de l’aspect symbolique qu’elle présente, constitue un élément important, notamment pour le développement du tourisme en direction des pays extra-européens. S’agissant en revanche de l’entrée du pays dans la zone euro, pour l’instant considérée comme prématurée par la Commission européenne, aucune hâte n’est perceptible du côté roumain, tant il paraît que l’économie roumaine a encore besoin de se renforcer avant de pouvoir supporter le choc que constituera l’intégration dans la monnaie commune.
Par David Capitant, président d’ARRI
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